Le bonheur dans la douleur
Au bout de leur énergie, les Rajaouis ont finalement remporté la première édition de la Ligue des champions. C'est un Raja diminué, presque sous perfusion, qui est parvenu à se défaire du rouleau compresseur du Goldfields imposé dès les premières minutes du match. Soit! L'essentiel pour le onze rajaoui est d'offrir au Maroc le premier trophée de la Ligue des champions. C'est fait, et ça fera date. La carence physique -selon son entraîneur- et la multitude de versions quant à ses gains provenant de la publicité et des droits de retransmission, se dressent de travers sur la liste des succès des vert et blanc.
Casablanca la capitale économique s'est reconvertie en capitale du football africain durant toute la journée du samedi 13 décembre 1997. Dans la matinée, le président de la Confédération africaine de football -CAF-, Issa Hayatou et 32 membres de cette instance se sont réunis dans un palace de la ville.
L' équipe du Raja de Csablanca
En début d'après-midi tout ce petit monde s'est déplacé au complexe Mahommed V pour assister à la finale retour de la Ligue des champions. La première édition de cette coupe nouvellement créée a opposé le Raja de Casablanca au club ghanéen d'Obuasis Goldfields.
Ce jour là, la ville blanche s'est réveillée tôt le matin au son des tambours et des fanfares des supporters Rajaouis impatients de réserver leur place dans le stade. Mais cette fois-ci, ils n'étaient pas seuls à venir soutenir leur équipe. De tous les coins du Maroc, les supporters de plusieurs clubs, ont pris la peine de se déplacer à Casablanca pour soutenir les vert et blanc. Pour se distinguer, ils portaient des banderoles aux couleurs de leurs équipes mais leur cur battaient à l'unisson pour le Raja.
Un très beau tableau d'esprit sportif et de solidarité peint la première fois lors de la finale de la Coupe des coupes qui a opposé les FAR à l'Étoile du Sahel. Les Militaires étaient supportés par les fans de plusieurs clubs du Maroc. Preuve en est que les compétitions africaines boudées par nos clubs jusqu'en 1985, sont aujourd'hui bien cotées au sein du public marocain.
Mort à l'amateurisme
Malgré les chemins sinueux du safari africain avec la partialité de certains arbitres, le jeu viril qui frise l'agression et les dépenses ostentatoires engagés par les clubs, la cote des valeurs des Coupes africaines est toujours ascendante. L'affluence et l'effervescence qu'a connu le complexe Mohammed V lors de cette finale de la Ligue des champions étaient indescriptibles.
Avec un public record, les péripéties à rebondissements d'un match joué pleinement par les deux formations et le suspense angoissant des épreuves des penalties, ni spectateurs ni téléspectateurs n'ont manqué d'émotion. Surtout le public rajaoui qui a souffert le martyr avant d'être délivré par le tir raté du joueur ghanéen chargé de transformer le dernier penalty.
Cependant, ce sont les joueurs du Raja qui ont le plus souffert de cette dure compétition ponctuée par une finale musclée. Les séquelles des matchs éliminatoires ont eu un effet catastrophique sur la quasi totalité de l'effectif jusqu'au point où l'on a dénombré plus de joueurs blessés que valides.
Outre le bonheur du sacre, les dirigeants du Raja devraient tirer les leçons de la douleur provoquée par cette expédition. Une véritable aventure qui démontre que l'amateurisme de nos clubs ne sied pas au rythme soutenu de cette compétition. La victoire du Raja a éclipsé cette réalité amère. On a oublié que l'équipe s'est présentée pour cette finale avec seulement trois remplaçants sur le banc de touche. Les absents sont soit blessés, soit suspendus, tels Sellami, Bekkari et khalif. Beaucoup d'autres ont fait le plein dans l'infirmerie comme Jrindou, Moustaoudaa, Nazir et Ouguandaga. En plus de Nejjari qui se relève d'une blessure, sans avoir totalement récupéré.
Propos incendiaires
Une véritable hécatombe que l'entraîneur Vahid Halihoddzik vient d'aggraver par une déclaration fracassante à notre confrère L'équipe. Des accusations tendancieuses et prétentieuses mais qui n'en décèlent pas moins une certaine dose de vérité. Jugez-en :
"Franchement en arrivant (NDLR: au Raja) je ne pensais pas trouver une équipe aussi désorganisée et des garçons aussi démotivés. Certains joueurs n'avaient même jamais fait d'abdominaux ou d'élongations de leur vie J'ai alors programmé une séance d'entraînement quotidienne de deux heures trente. Soit la capacité habituelle de travail des joueurs du cru d'une bonne semaine"
Il est clair que la victoire a excessivement grisé l'entraîneur franco-bosniaque. Car, même s'il dit vrai, il est incapable de transformer une équipe, aussi meurtrie qu'il le prétend, en championne d'Afrique des clubs champions, en l'espace de deux mois. Ceci dit, son surprenant propos interpelle les dirigeants du Raja sur la véritable situation de l'équipe. Le fossé qui sépare le professionnalisme de l'amateurisme est-il aussi profond ?
Une zone d'ombre qui ressemble à celle qu'entretient la CAF sur la part en matière de publicité et de droits de retransmission sur toute la campagne de la ligue des champions qui devrait revenir au Raja. À telle enseigne que même les dirigeants rajaouis ne sont pas tombés d'accord sur le chiffre exact. Pour M. Aouzal la fourchette serait entre un maximum de 475 000 et un minimum de 429 000 dollars. D'autres parlent de 485 000 et certains avancent la somme de 750 000 dollars sachant que le Raja a déjà touché une avance de 150 000 dollars.
Le seul point sur lequel les dirigeants du Raja sont d'accord, c'est que le montant à recevoir, suffira à peine pour couvrir les frais engagés par l'équipe dans cette compétition. Mais il y a un hic. On ne sait pas comment ils sont arrivés à cette conclusion alors que le trésorier de l'équipe n'a pas encore arrêté le bilan de l'expédition africaine.
Décidément, si le Raja a gagné la Coupe de la Ligue, les propos incendiaires de son entraîneur lui a fait perdre le crédit qu'il avait dans ses structures. La complexité des calculs de la CAF a ébranlé sa gestion quotidienne en matière de finances. Copie à revoir.
